Equinoxe !

 

Adaptation libre de texte de l'oeuvre de Dominique Meunier , paru dans le Magazine Pas Vu, Pas Lu Numéro 7 (Janvier 2022).

 

Equinoxe

 

Il est un espace temps, un moment particulier qui revient sans cesse me rappeler le cycle naturel de la vie mais également avec force et truculence que tout est mouvement. Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que ces vents singuliers, cette force soudaine des marées, toutes les couleurs criantes de l’automne répondent sans la moindre insolence au seul rythme de l’univers dans lequel le terrestre n’est qu’une infime partie.  Et si toutes ces feuilles rouge orangées et balancées au gré des rafales de vents ne venaient cingler mon visage que pour me tourmenter, m’obliger à m’extraire de mon corps pour chercher une parallèle au décor que le créateur, il faut qu’il y en est un, a posé sous mes pieds, au-dessus et tout autour de moi. Ce fragment de temps durant lequel la saison devient plus forte n’est-elle pas justement là pour m’amener à l’exaltation. 

Sous le couvert d’un calme plus que précaire, d’une légère accalmie, les feuilles des arbres reprennent une valse aérienne plus douce, plus propice à l’observation, à la contemplation et à la réflexion. Tout est truculence puis tout semble calme avant d’être à nouveau balloté, violenté par une énergie sans faille...
Et si ces feuilles précipitées dans les airs n’étaient que des petits mots racontant la saison passée et  annonçant la nouvelle qui s’installe. Si l’arbre qui se déshabille de tout ce qui le rendait majestueux n’exécutait ce rite que pour m’inviter à faire de même, à laisser derrière-moi la saison qui s’achève pour mordre, nu et neuf, la saison qui s’engage. Je suis, moi-aussi, dans ce rite céleste, dans ce rythme universel qui commande de bouger sans laisser d’autre choix que celui de la continuité. 

Et si toutes ces vagues portant ponctuellement la mer au-delà de son espace habituel n’étaient que la résultante d’une lame de fond détestant l’immobilisme. Le mouvement se nourrit d’énergie et diffuse simultanément l’énergie. Le mouvement distribue ombres et lumières, le printemps et l’automne mais aussi leurs comparses, l’été et l’hiver s’accoutumant tous deux de leur solstice. Je sais maintenant que sous le couvert de cet équinoxe,  le soleil ne joue pas de ses rayons sans les harmoniser  avec ceux de la Lune ou même encore sans se soucier des trajectoires de la Terre. Ces deux là maitrise avec excellence la quête et le partage de l’espace et sont régis par une force, une intelligence énergétique qui ne peut que déchirer mon esprit. Toute cette turbulence s’apparente avec ce qui pourrait être comparé à la vision de tous mes maux de vies, mes instants de bonheur ou de douleur et l’obligation, quoi qu’il m’en coûte, de continuer, d’avancer.   Et si chacune de ses feuilles, chacune de ses grandes vagues appelait à la force d’une seconde de vie qu’il l’est préférable de sublimer. Et si cet espace temps m’invitait tout simplement mais avec une démonstration de force prodigieuse à réaliser qu’une seule seconde de  vie pèse très lourd et qu’il me faut tout simplement toutes les sublimer. 
Il me vient une sensation... 
Et si le céleste m’invitait, avec cette grande démonstration, à intensifier chaque seconde de ma vie terrestre pour l’optimiser. Je crois percevoir une lueur d’une forte intensité. Il me faut, sans tarder, sans perdre la moindre seconde, bouger, danser, aimer, vivre plus encore et plus fort.

 

Stéphane Théri